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L'art contemporain chinois
6 novembre 2008

Petit vade-mecum de l’art contemporain chinois

L’histoire de l’art contemporain est indissociable, en Chine, de celle du régime politique, qui s’étant engagé avec Mao en faveur d’un réalisme socialiste, a de nombreuses années durant, encadré la création artistique et bloqué ainsi l’émergence de formes artistiques expérimentales.

Les premiers signes d’une culture chinoise moderne apparaissent dès la fin des années soixante-dix, une fois terminée la révolution culturelle et alors que Deng Xiaoping lance sa politique d’ouverture et de réforme. On commence à parler d’art moderne, mais pas à la façon de l’Occident où la couleur et la ligne sont l’essence de l’expression artistique. En Chine, précise Pi Li " il s’agit de libérer l’art du narratif, du message politique et moral ". Des groupes, des clans se forment. C’est l’époque des polémiques. Il faut choisir son camp entre avant-garde et réalistes.

La nouvelle vague de 1985

C’est en 1984 que naît un art vraiment expérimental lorsqu’un groupe d’artistes qui n’avaient pas été sélectionnés pour participer à la 6e Exposition nationale d’art de Pékin organise sa propre exposition autour de l’appel " la Nouvelle Vague de 1985 ". Influencés par les révolutions esthétiques qui ont marqué le XXe siècle, tout en se réappropriant les concepts issus de la philosophie traditionnelle chinoise longtemps occultée, ils s’expriment sur les réalités politiques de la Chine contemporaine. Il faut savoir qu’il n’existe alors, en Chine, aucun système de production et de diffusion artistique. Il n’y a pas de galeries, pratiquement pas de collectionneurs, les écoles sont fermées sur elles-mêmes. La Galerie nationale des beaux-arts et les grandes expositions officielles montrent surtout des ouvres réalistes. La demande ne vient que de l’extérieur. Un petit nombre d’expositions non-officielles s’organisent dans les appartements des diplomates étrangers. De la même façon, ce sont les directeurs de galeries internationales qui, les premiers, rendent visite aux artistes chinois.

Réalisme cynique, pop politique, style vulgaire…

Ce dynamisme se voit consacré par le réseau officiel lors de l’exposition " Chine/Avant-Garde ", qui se tient dans la Galerie nationale de Pékin en 1989. Mais des performances provocatrices conduisent à la fermeture prématurée de l’exposition et les événements de la place Tien an Men viennent clore, peu de temps plus tard, cette période.

Dans les années quatre-vingt-dix, alors que se développent des débats sur la marchandisation de l’art et sa valeur sociale, se tient la Biennale de Canton, première pierre d’un système qui tente de légitimer la valeur économique de l’art dans le contexte chinois. Dans la foulée, des galeries commerciales comme Red Gate et Courtyard à Pékin, ShanghArt à Shanghaï voient le jour. Si bien que l’art contemporain chinois se voit représenté à l’étranger par des ouvres qui se prévalent soit du " réalisme cynique ", soit du " pop politique ", soit même du " style vulgaire " mal perçu car catalogué d’art de nouveaux riches vendus à " la race dominante des colonisateurs ".

L’apparition de la vidéo

Certains artistes de la nouvelle vague émigrent en Occident, des réseaux alternatifs de production et d’exposition se montent, des villages d’artistes voient le jour, pas toujours bien tolérés par les autorités. L’activité artistique se concentre alors en périphérie des grandes villes, facilitant la constitution de réseaux de commercialisation vers l’étranger. En 1995, trois artistes chinois sont sélectionnés pour la Biennale de Venise. L’année suivante, la cinquième exposition annuelle du groupe Big-Tailed Elephant se tient dans un bar de Canton. La première Biennale de Shanghaï privilégie encore la peinture à l’huile, mais aussi des installations d’artistes chinois vivant à l’étranger. C’est l’époque du débat sur le sens de l’art, de la publication du livre la Chine peut dire non. Les performances de body art, aussi violentes que celles des actionnistes viennois, marquent les esprits. De passionnantes vidéos font leur apparition. Elles évacuent l’affect des représentations filmées où le corps est mis à l’épreuve et mettent en scène des répertoires de gestes témoignant de toutes sortes d’aliénations.

Les premières galeries chinoises

À la fin des années quatre-vingt-dix, des galeries dirigées par des Chinois, comme la Up River Gallery à Chengdu ou la galerie Dongyu à Dongbei ouvrent leurs portes. Des installations réalisées à partir de morceaux de cadavres humains sont présentées à Pékin. La galerie d’art de Shanghaï, le musée de Canton, celui de Shenzen organisent régulièrement désormais des expositions d’art expérimental. " Art for Sale " investit, en 1999, un grand magasin de Shanghaï. Elle sera suivie d’autres manifestations mémorables comme " Post-Sense Sensibility " (1999), " Jumelles " (2000). " Jumelles " montée lors de la dernière Biennale et présentant des ouvres se répondant dans un double circuit en miroir.

Bien sûr, " l’absence de marché national anéantit, pour l’instant, toute affirmation d’indépendance ", explique Alain Sayag. Et il cite le critique Lu Peng selon lequel " l’art contemporain en Chine n’a pas de système qui le soutienne et repose sur des actes individuels ". N’empêche, il note " l’extrême plasticité d’un système en pleine mutation ", le fait que " contrairement à l’Occident, où trop souvent les jeux sont faits et où le système semble tourner totalement à vide, on a le sentiment que tout en Chine est possible ". Il voit enfin dans " la multiplication des expositions institutionnelles de qualité - Biennale de Shanghaï, Triennale de Canton, rénovation des grandes institutions nationales comme le musée d’Art moderne de Shanghaï, la Galerie nationale des beaux-arts de Pékin - le cadre manquant jusqu’alors, qui devrait amener l’apparition d’un système national "…

M. J. avec Marion Bertagna,

Li Pi, Alain Sayag.

Article paru le 23 juin 2003

http://www.humanite.fr/2003-06-28_Cultures_-Petit-vade-mecum-de-l-art-contemporain-chinois

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Commentaires
L'art contemporain chinois
  • Ce blog a pour but de faire de la veille informationnelle sur l'art contemporain chinois. Pourquoi est-il une valeur montante sur le marché de l'art mondial ? Sa valeur est-elle surestimée ou fiable ? D'où vient cet emballement pour les artistes chinois ?
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