Le marché de l'art et la crise financière : impact réel mais limité
Alors que des voix s'élèvent pour prédire un ralentissement voire un effondrement sur le marché de l'art contemporain (chinois notamment), d'autres prédisent que la crise n'aura un impact que sur la dimension spéculative, mais que les ventes continueront à un niveau élevé. Une réserve est notamment émise dans cet article :"Tout ce qui a été articiellement poussé
par la spéculation, comme l'art contemporain chinois ou indien, va
avoir des difficultés" ...
article daté du 14/10/08
Des tableaux commencent à ne pas trouver preneur et des oeuvres surestimées, notamment en art contemporain, vont voir leurs prix corrigés.
La
crise financière actuelle a un impact, mais limité, sur le marché de
l'art qui est un marché de passionnés, selon différents acteurs du
secteur. Le "marché de l'art obéit à des règles spéciales mais c'est un
marché global. Il ne peut pas ne pas être touché par ce qui se passe
actuellement", estime François Curiel, président de Christie's Europe,
interrogé par l'AFP. Quelques signes, même s'ils sont peu
spectaculaires, montrent que le marché est affecté. Selon la banque de
données artprice qui étudie les ventes aux enchères, le taux d'invendus
était depuis le 1er septembre de 39,2% contre 36,8 l'an dernier pour la
même période. Au 1er octobre, l'indice de prix a baissé de 4,45% en un
an et le nombre de ventes a baissé de 20,5% lors des 40 derniers jours
dans le monde. Des enchères en début de mois, en Asie ou à Londres, ont
été "décevantes", indique la lettre confidentielle spécialisée The Baer
Faxt, avec des taux d'invendus qui peuvent dépasser les 50%. "Pour les
chefs d'oeuvres, les prix sont très soutenus", ajoute M. Curiel, "les
ventes seront plus difficiles pour les objets moyens ou estimés trop
cher. Avant l'été, estimer cher ou trop cher n'était pas un problème.
Maintenant ça l'est", dit le patron de Christie's. Pour Patrick
Bongers, qui préside le Comité des galeries d'art, c'est le marché
spéculatif qui va être touché. "Tout ce qui a été articiellement poussé
par la spéculation, comme l'art contemporain chinois ou indien, va
avoir des difficultés", dit-il. Mais la pièce d'exception, "c'est comme
un appartement. Si vous avez un duplex avec terrasse et parking en
sous-sol dans la très chic rue du Bac à Paris, je ne crois pas que ce
soit le prix qui va bloquer la vente". La vente Damien Hirst à Londres
a battu des records (140 millions d'euros) le soir où la Bourse new
yorkaise dévissait, rappelle Guillaume Cerutti, qui dirige Sotheby's
France. Le "marché de l'art est mu par un moteur différent" que celui
de la finance, "nous vendons des objets uniques, non reproductibles,
c'est un marché très atypique", dit-il. Et tous de citer la vente
prévue du 23 au 25 février 2009 de la Collection Pierre Bergé - Yves
Saint Laurent, pour laquelle personne "ne se fait de souci". Quelque
700 oeuvres seront dispersées lors de cette manifestation, attendue
comme la "vente du siècle", avec un montant estimé entre 200 et 300
millions, voire 500 millions. Néanmoins, des mesures sont prises.
Christie's a ainsi déjà révisé à la baisse certaines estimations pour
les ventes de novembre et décembre. Un "vrai collectionneur continuera
toujours à acheter et les bons artistes resteront toujours", assure
Gilles Fuchs, qui préside l'Adiaf, une association de collectionneurs
d'art contemporain. Ceux qui sont touchés "sont les golden boys qui
achètent à n'importe quel prix un artiste de troisième rang. Cela fait
du bruit mais ne touche pas énormément de monde", dit-il. Les ventes
aux enchères dans l'art s'élevaient à 15 milliards de dollars l'an
dernier, un "micro-marché" par rapport aux marchés financiers, conclut
François Curiel. "Jusqu'à présent, l'histoire nous apprend que dans les
pires moments, comme lors de la crise de 1929, il y avait encore un
marché de l'art. Je ne le vois pas disparaître, les prix vont baisser
dans certains domaines, je ne vois pas d'effondrement", dit-il.
http://news.tageblatt.lu/news/125/ARTICLE/6100/2008-10-14.html